Lire Hunger Games en 2023 : ça vaut quoi ?
- chloequentrec
- 23 août 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 sept. 2023
Book Review

Lire Hunger Games en 2023 : ça vaut quoi ?
Est-ce la peine de réexpliquer ce qu'est Hunger Games ? D’abord un phénomène littéraire, puis cinématographique, cette saga a mis Jennifer Lawrence sur le devant de la scène (rien que pour ça, merci). Elle est l’une des dernières survivantes de l'apogée des sagas ados dystopiques (La saga Divergente puis celle du Labyrinthe, ont clôturé avec brio cet âge d’or). Bref, Hunger Games.
15 ans après la sortie du premier livre, j'ai été étonnée de voir que le phénomène n'avait pas encore dégonflé. Je m'explique : voilà que depuis quelques mois, de façon inexpliquée, je voyais fleurir sur mon feed Twitter des dizaines et dizaines de memes, débats, et autres déclarations d'amour à la saga. Bien sûr, n'ayant même pas vu les films, et loin de m'intéresser aux livres, j'étais un peu paumée. Pourquoi un tel engouement ? Pourquoi suis-je passée à côté du phénomène ? Pourquoi ce mec se barbouille-t-il en grand-mère Feuillage ? Il me fallait des réponses. Sans plus attendre, je me suis procuré le Tome 1, avec en bonus une jolie couverture collector (oui soyons honnête, je suis assez influencée par les belles choses).
Allais-je réussir à rentrer dedans ? J'ai omis un détail, cela faisait plusieurs mois que j'étais empêtrée dans les sables mouvants du blocage de lecture : incapable de commencer, terminer ou même de choisir un livre. Relire en boucle les mêmes 10 pages de ma romance préférée, disons que ce n'est pas vraiment de la lecture. Mais bon, parce que j'avais déjà bien attendu la réception du colis et parce que j'avais annoncé à quelques abonnées fidèles que je commençais enfin la saga, il fallait s'y tenir.
Dès les premières pages, un sentiment de douce nostalgie m'envahit. Je me souviens, c'est ça que j'aime dans la lecture… Être transportée dans un monde sans que l'on t'explique qu'il va bien falloir s'y habituer, non, tu es embarquée, l'autrice ne te prend pas par la main, elle te pousse dans un train en marche.
J'ai tout de suite été frappée par la dureté des mots et des situations. De toute évidence, les trigger warning n'étaient pas très à la mode à cette époque. Je me doutais bien qu'avec une dystopie, je n'allais pas me prélasser dans de beaux champs de pâquerettes ! Et c'est une des choses principales que j'ai aimées dans Hunger Games, Suzanne Collins ne prend jamais ses lecteurices pour des marmots. Comme Katniss, on nous pousse à grandir vite et à faire face.
Je dois dire que ce tome 1 m'a tenue en haleine du début à la fin. Le savant mélange entre l'aventure, l'action et les jeux cruels des mœurs politiques laisse sans voix. Ça y est, j'étais hameçonnée.
Je n'ai même pas eu la force de commander les tomes 2 et 3 en papier, les délais de livraison allaient, je le redoutais, fragiliser cet enthousiasme que je n'avais pas connu depuis des mois.
Le tome 2 chargé sur ma liseuse, je ne me suis pas fait prier. Je m'arrête et essaie de creuser dans mon esprit… Le problème des seconds tomes pris en sandwich dans une trilogie, c'est que nos souvenirs ont tendance à un peu se mélanger. Je me souviens surtout de mes paroles murmurées à une heure de la nuit peu raisonnable : "Hein ? Quoi ? Oh non, non, non…" Si comme moi vous êtes passés à côté du phénomène, je ne vais pas vous divulgâcher l'histoire, je dirais simplement que je ne m'attendais pas du tout à ce retournement. Voilà que tout recommence.
Suzanne Collins a cette capacité exceptionnelle de jouer sans cesse sur le fil de notre empathie et de notre sadisme. Jusqu'où est-on capable d'aller pour s'extraire de notre quotidien ? Jusqu'où les dirigeants sont-ils prêts à aller pour nous distraire des vrais problèmes ? Jusqu'où peut-on aller par amour ? Entre le loup et la brebis, doit-on choisir notre camp ou tout simplement se retourner contre le berger ?
Hunger Games est une vraie dystopie au sens propre du terme, que serait notre monde si ce que l'on déteste le plus dans la nature humaine devenait la norme ?
Le tome 3 ne déroge pas à la règle et délivre un message encore plus intéressant. Qu'est-on capable de sacrifier pour notre liberté ? Savons-nous seulement ce qu'est la liberté ?
Déjà établi depuis le tome 1, le personnage de Katniss prend une profondeur encore plus abyssale. J'ai aimé ses imperfections plus que tout, Suzanne Collins met un beau coup de pied dans la fourmilière des princesses Disney tout en traitant les personnages féminins avec tendresse : Hunger Games est dur, jamais cynique. Les femmes ne sont pas en compétition, elles suivent chacune leur chemin vers l'émancipation et leur propre définition de ce que ce mot signifie.
Ma seule critique sera complètement hypocrite et d'ailleurs, je la désavoue déjà : la fin m'a laissée au stade de larve émotionnelle. Suzanne, eh, oh, dis donc… Ce n'est pas bien de faire ça ! Mais n'est-ce pas le réalisme qui l'a emporté ? Il fallait être cohérente, l'autrice ne nous a jamais cajolés, alors autant y aller jusqu'au bout.
Hunger Games en 2023 ça donne ça : un récit de qualité pour des personnages qui ne vous quittent pas. Mes yeux d'adulte ne vont peut-être pas tourner tout cela en obsession mais mon dieu, la Chloé adolescente aurait voulu se laisser pousser les cheveux pour les tresser et apprendre à tirer à l'arc dans un petit legging en simili cuir.
Si après mon avis vous choisissez encore de passer à côté de ce petit bijou, bah… Vous voulez qu'on en parle ? Et si vous êtes soulagés que votre saga d'ado tienne encore la route aujourd'hui, courez à votre bibliothèque, tout cela mérite bien une relecture !
Je m'en vais regarder Jennifer Lawrence et Josh Hutcherson avec des cœurs dans les yeux, à plus ! Chloé Q.
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