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Les héros orphelins : pourquoi on les adore ?

  • chloequentrec
  • 25 janv. 2024
  • 4 min de lecture

Toi et l'Écriture...



Les héros orphelins : pourquoi on les adore ?


Harry Potter, Jane Eyre, Cosette, Oliver Twist, Peter Pan, les orphelins Baudelaire… Vous l’avez compris, ces personnages iconiques ont tous un point commun : leurs parents ont disparu, dans des conditions tragiques, c’est encore mieux ! Tu t’es peut-être déjà demandé pourquoi le héros orphelin était si populaire dans notre culture littéraire et cinématographique. Je vais t’expliquer ici pourquoi les auteurices émérites de ce monde ont fait subir ce drame à leur personnage principal et pourquoi toi aussi tu es tenté parfois de faire disparaître les parents de ton personnage dans des conditions mystérieuses (avoue que tu y as déjà pensé !).



Un roman est une aventure émotionnelle


Débarrassons-nous du point le plus évident dès maintenant : oui, le lecteur est plus susceptible de prendre en affection un personnage orphelin qu’un personnage à la trajectoire traditionnelle. C’est simple, nous sommes faits biologiquement pour rentrer en empathie avec les plus fragiles, c’est une question de survie de l’espèce. Cela est d’autant plus accentué par le fait que l’orphelin fait souvent face aux agressions extérieures, il est le mal-aimé, le laisser pour compte, le paillasson sur lequel les antagonistes décrottent leurs chaussures. Et oui, un bon protagoniste implique un antagoniste tout aussi fort, il leur faut ces amphitryons chez qui éprouver leur solitude. Harry a les Dursley, Cosette a les Thénardier, Peter Pan le Capitaine Crochet, bref, tu as compris l’idée. On aime le héros parce qu’on veut le voir réussir, envers et contre tout, on veut le voir renverser le sort qui s’est acharné sur lui.


Mais tu pourrais me dire pourquoi l’orphelin a-t-il toujours été orphelin, est-ce qu’on pourrait atteindre le même effet avec un héros qui perd ses parents sur le tard ? Eh bien non, pas tout à fait. L’orphelin amène quelque chose d’important à ta plume : la liberté. Le héros qui n’a pas ou très peu connu ses parents est une toile vierge : il n’est pas le produit d’une éducation prédéterminée, mais il est le produit de ses expériences. Et ses expériences, c’est toi, l’écrivain, qui a la liberté de les forger. Ton héros, débarrassé de ses influences familiales, aura la possibilité de trouver son propre chemin, sa propre identité. Et au-delà de la construction de cette identité indépendante, l’orphelin peut même aller plus loin : il peut dépasser les attentes. C’est déjà pas mal, non ? Eh bien, on peut aller encore plus loin…


Toute littérature est politique !


Le héros orphelin permet une chose très puissante : il parle de nous, de notre société et de notre manière de nous occuper des uns et des autres. On peut juger une société sur sa façon de s’occuper de ses citoyens les plus vulnérables et les héros orphelins nous donnent bien souvent une image peu reluisante de l’état de notre société. La violence qu’ils subissent témoigne d’une violence plus générale que nous subissons chaque jour : celle de l’individualisme. Le poète Lemn Sissay va plus loin, selon lui, on peut juger de la qualité d’un gouvernement à la façon de traiter les orphelins, comment il les soigne, les place, les éduque. Le héros orphelin constitue donc un enjeu central dans le commentaire social que toute œuvre littéraire est capable de produire.


Il ajoute que les orphelins permettent d’accéder à un point de vue inédit sur les relations sociales, seul le héros orphelin sait ce que c’est de perdre un lien fondamental, il n’a pas besoin de voir vieillir ses parents ou de devenir vieux lui-même pour comprendre que le manque de lien social est une tragédie sans précédent dans la vie humaine. Le héros orphelin acquiert donc malgré lui une sagesse qui dépasse toute question d’âge. Dès le début, il sait, il comprend. Ainsi, en utilisant la figure de l’orphelin comme témoin d’une société brutale, tu permets au lecteur à son tour d’entendre ce témoignage et de rentrer en communauté avec ton personnage. Le lecteur a lu, maintenant, il sait. Le héros orphelin n’est plus seul face à cette violence. On en revient donc à notre premier argument, le lecteur doit fondamentalement faire corps avec le personnage de façon à ce que ses émotions se confondent avec les siennes.


En somme, on comprend un peu mieux pourquoi le héros orphelin est omniprésent dans notre culture littéraire populaire et j’espère que ces éléments t’ont inspiré et t’ont poussé à réfléchir plus en profondeur sur les tropes que nous utilisons. Il est très intéressant de réutiliser des thèmes connus de la littérature, cela permet de jouer avec les codes, de s’inscrire dans une tradition, voire de la détourner. N’aie jamais peur de manquer d’originalité en te disant que tout a déjà été écrit. Si on reprend nos exemples initiaux, Harry, Jane, Cosette, Oliver, Peter, Les Baudelaire, n’ont-ils pas chacun leurs propres aspirations ? C’est parce qu’ils sont le produit de voix différentes. Trouve la tienne.

Et si tu as besoin d’aide pour trouver cette voix qui te sera propre, je suis là pour ça ! Ça se passe juste en dessous…

PS : As-tu trouvé le mot rare du jour ? Il s’est glissé dans cet article…

Source : Poet Lemn Sissay on growing up in the care system, racism and finding his Ethiopian family, Channel 4, septembre 2023, Youtube.







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Chloé Q Relectrice

chloe.quentrec[at]gmail.com

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